Le cancer du foie est une pathologie souvent évitable, dans le sens où elle se développe habituellement sur un organe hépatique déjà fragilisé par une exposition à des facteurs de risques connus : l’alcool et les hépatites virales.
Bien qu’il ne soit pas parmi les cancers les plus répandus en France, il constitue un enjeu de santé publique majeur. Pour cause, ses conséquences sont redoutables, et son incidence est en constante augmentation. En effet, puisqu’il ne fait pas encore l’objet de campagnes de dépistage organisées, le diagnostic du cancer du foie est souvent tardif, ce qui impacte négativement son pronostic.
Le meilleur moyen de s’en préserver demeure donc d’éviter autant que possible ses facteurs de risque majeurs, d’ores et déjà bien identifiés.
Le cancer du foie, qu’est-ce que c’est ?
Le cancer du foie est une affection maligne qui se développe à partir des tissus du foie. Le foie, qui a – entre autres – la charge de filtrer le sang, produire la bile et stocker le glucose, est un organe vital, c’est pourquoi ses atteintes sont particulièrement préoccupantes. On rencontre différents types de cancers du foie, mais le carcinome hépatocellulaire, aussi nommé hépatocarcinome, est de loin le plus commun. Il représente environ 90% des cas diagnostiqués chaque année.
L’hépatocarcinome se développe à partir des hépatocytes, cellules constituant la majorité des tissus du foie. Le rôle des hépatocytes est essentiel dans le bon fonctionnement de l’organisme : ces petites cellules, véritables usines, assurent presque toutes les fonctions métaboliques du foie. Elles sont notamment responsables de la régularisation du glucose dans l’organisme en réponse à l’insuline, ainsi que du traitement des toxines – notamment de l’alcool.
En cas de cancer du foie, les hépatocytes sont voués à être remplacés par des cellules cancéreuses non fonctionnelles. Le foie n’est alors plus en capacité de remplir son rôle, ce qui met en péril les jours du patient. Habituellement, le carcinome hépatocellulaire se développe sur un foie endommagé par des affections préexistantes, mais des patients au foie parfaitement sain peuvent aussi très rarement en être atteints.
Vidéo explicative sur le cancer du foie
Le cancer du foie peut également prendre la forme de tumeurs rares, comme l’hémangioendothéliome épithélioïde ou le cholangiocarcinome. Ces dernières ne se développent pas à partir des hépatocytes, mais des cellules composant les vaisseaux sanguins et les canaux biliaires.
Enfin, il est important de distinguer les cancers du foie primitifs des métastases au foie. En l’espèce, un cancer du foie est nécessairement primitif, car, pour être qualifié de « cancer du foie », il doit s’être développé à partir de cellules du foie.
Les métastases au foie sont des tumeurs cancéreuses provenant d’un autre cancer primitif (cancer du sein, cancer des poumons, de la peau, etc.). Les cellules de ce cancer primitif ont voyagé à travers l’organisme pour coloniser de nouveaux sites, formant de nouvelles tumeurs nommées métastases. Les métastases au niveau du foie sont assez courantes dans la plupart des cancers de stades très avancés.
Pour autant, même lorsqu’elles se logent sur le foie, les métastases ne se sont pas développées à partir des cellules du foie, et on ne parle donc pas de cancer du foie. La prise en charge et le pronostic de métastases au foie sont complètement différents de ceux d’un cancer du foie primitif.
Le cancer du foie en France
En 2018, 10 580 cancers du foie ont été diagnostiqués en France, touchant essentiellement les hommes (77%). Le cancer du foie représente 13% de tous les cancers du système digestif, ce qui en fait le 2ème cancer digestif le plus souvent rencontré chez l’homme (après le cancer du côlon, hautement répandu), et le 3ème chez la femme (après le cancer du côlon et du pancréas) .
De mauvais pronostic, le cancer du foie est au 4ème rang des décès par cancer chez l’homme en 2018, et au 7ème chez la femme. L’âge moyen au diagnostic est de 69 ans chez l’homme et 73 ans chez la femme. Il s’agit d’un cancer en constante hausse, dont l’incidence a notamment bondi chez la femme. Pour cause, il est étroitement corrélé à un facteur de risque bien particulier, la consommation d’alcool, auparavant typiquement masculine.
Symptômes du cancer du foie
Bien souvent, le cancer du foie évolue silencieusement, sans provoquer de symptômes, et sa découverte est fortuite. Un foie volumineux, une masse au niveau du foie, des douleurs abdominales, une sensation de gêne ou de pesanteur, une ascite (épanchement abdominal) ou encore des signes d’insuffisance hépatique (jaunisse, troubles neurologiques, etc.) sont autant de symptômes potentiels.
À terme, le patient peut souffrir d’une fatigue anormale, d’une perte d’appétit, d’une perte de poids et/ou d’une détérioration générale de son état de santé.
Diagnostic du cancer du foie
Il arrive fréquemment que le cancer du foie soit diagnostiqué lors du suivi d’une maladie hépatique chronique existante (typiquement une cirrhose). Pour cause, près de 90% des cancers du foie se développent sur un organe déjà malade.
Chez les personnes en bonne santé, le cancer du foie est souvent diagnostiqué plus tardivement, lors de consultations motivées par des symptômes peu spécifiques (douleurs abdominales, fatigue, troubles digestifs, etc.). Les examens de diagnostic comprennent habituellement des examens d’imagerie médicale (échographie, scanner, IRM, etc. ), une prise de sang permettant d’évaluer le fonctionnement du foie et de rechercher des marqueurs tumoraux, ainsi qu’une biopsie.
La biopsie est l’examen de diagnostic de référence dans la prise en charge d’un cancer. Elle vise à prélever des cellules tumorales pour les analyser au microscope. Cette analyse permet d’identifier le type de cancer en cause, son agressivité, son stade d’évolution et son pronostic.
Elle peut également permettre de trouver des caractéristiques précises révélant à quel traitement les cellules cancéreuses sont susceptibles de mieux répondre.
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Traitement du cancer du foie
Le traitement du cancer du foie est, aujourd’hui encore, très limité. Les difficultés actuelles sont essentiellement dues au diagnostic tardif de la maladie, qui se trouve déjà à un stade avancé de son évolution lorsqu’elle est décelée. Pour les cancers diagnostiqués à un stade précoce, les options thérapeutiques sont plus nombreuses, et les chances de guérison plus élevées.
Lorsque le cancer se trouve encore à un stade localisé, la chirurgie est le traitement de première intention. Elle consiste réaliser une transplantation hépatique ou une résection tumorale. La radiothérapie stéréotaxique est une alternative possible si un traitement chirurgical n’est pas réalisable.
Lorsque le cancer se trouve à un stade avancé de son évolution, le traitement vise davantage à ralentir l’évolution de la maladie et à en contrôler les symptômes. Dans ce cas, la chimiothérapie, l’immunothérapie et les thérapies ciblées sont souvent privilégiées.
Chaque protocole de traitement est élaboré au cas par cas par une équipe médicale pluridisciplinaire. Le cancer du foie est une maladie complexe, qui requiert toujours une prise en charge personnalisée.
La radiothérapie dans la prise en charge du cancer du foie
La radiothérapie est un traitement reposant sur l’utilisation de rayons à haute densité pour altérer l’ADN des cellules cancéreuses. Les dommages causés par les irradiations empêchent, à terme, ces cellules de se multiplier et de se réparer. Il s’agit d’un traitement local, qui ne peut être réalisé que lorsque les tumeurs cancéreuses ont été identifiées et localisées (à l’inverse des traitements systémiques, comme la chimiothérapie).
Il existe différentes techniques de radiothérapie pouvant être utilisées dans la prise en charge d’un cancer du foie.
Parmi elles:
- la radiothérapie externe (la plus commune),
- la radiothérapie interne (curiethérapie),
- la radiothérapie stéréotaxique et l’embolisation sont couramment utilisées.
Le rôle de la radiothérapie dans la prise en charge du cancer du foie reste toutefois relativement limité à l’heure actuelle, car le cancer est souvent diagnostiqué à un stade trop avancé, alors que les cellules cancéreuses sont trop nombreuses pour être toutes éliminées par irradiation. De fait, la radiothérapie étant hautement toxique, elle ne peut être administrée qu’en doses très limitées pour ne pas causer plus de dégâts à l’organisme que de bénéfices.
Les innovations technologiques apportent cependant de nouveaux espoirs avec l’avènement de la radiothérapie stéréotaxique, plus précise que la radiothérapie traditionnelle. Avec sa précision accrue, la radiothérapie stéréotaxique permet de mieux préserver les tissus sains de l’organisme, tout en administrant des doses de rayonnements plus élevés.
Aujourd’hui, elle n’est toutefois indiquée que dans la prise en charge des tumeurs cancéreuses de petit volume.
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Facteurs de risque du cancer du foie
Environ 9 cancers du foie sur 10 se développent à la suite d’une maladie chronique du foie, la cirrhose, qui s’affirme donc comme le facteur de risque majeur de cette affection.
La cirrhose est une lente et irréversible fibrose du foie, c’est-à-dire un phénomène au cours duquel les cellules hépatiques meurent pour laisser la place à des tissus cicatriciels – typiquement fibreux. Au fil du temps, les tissus cicatriciels remplacent les cellules fonctionnelles du foie, et ce dernier ne peut plus remplir son rôle.
La fibrose des tissus survient généralement en réponse à une inflammation persistante, et ce sont les causes de cette inflammation, à l’origine du problème, que l’on considère comme des facteurs de risques évitables. Parmi toutes les cirrhoses du foie à l’origine de cancers, la cirrhose alcoolique est de loin la plus répandue (environ 75% des cas).
Cette maladie grave est causée par la consommation excessive d’alcool, c’est-à-dire une consommation répétée et prolongée. La dépendance à l’alcool est une maladie particulièrement grave, qui mérite d’être traitée comme toute autre pathologie : il est essentiel d’en parler à son médecin pour bénéficier d’un suivi adapté.
Des aides efficaces existent pour soigner la dépendance à l’alcool, quels que soient l’âge de la personne atteinte et son degré de dépendance.
Les hépatites B et C, infections virales, sont également des facteurs de risques connus. Ces virus peuvent provoquer des inflammations persistantes du foie, susceptibles d’évoluer en cirrhose. Les hépatites B et C se transmettent par le sang et les fluides sexuels. L’utilisation de préservatifs fait partie des actes préventifs efficaces pour s’en prémunir, et il est également hautement recommandé d’éviter de partager du matériel d’injection ou d’inhalation avec d’autres personnes.
Dans une moindre mesure, le tabac, la stéatose hépatique (excès de graisse dans le foie) et l’hémochromatose (excès de fer dans l’organisme) sont également considérés comme des facteurs de risque de cirrhose, et donc de cancer du foie. Le cancer du foie ne bénéficie pas encore de campagnes de dépistage organisées en France. Connaître les facteurs de risques majeurs de cette maladie grave et les moyens d’éviter d’y être exposé est donc une des meilleures façons de s’en prémunir.
La consommation excessive d’alcool est sans nul doute le principal facteur favorisant. Si vous souffrez d’une dépendance à l’alcool – quel que soit son degré de gravité – il est hautement recommandé d’en discuter avec votre médecin pour bénéficier d’une prise en charge adaptée.
Cancer du foie, espérance de vie
Les taux de survie du cancer du foie peuvent vous donner une idée du pourcentage de personnes atteintes du même type et du même stade de cancer qui sont encore en vie un certain temps (généralement 5 ans) après avoir été diagnostiquées. En aucun cas ces taux peuvent vous dire combien de temps une personne donnée, atteinte d’un cancer du foie va survivre, car le patient, son historique médical, son état général au moment du traitement, est différent d’un cas de cancer du foie à l’autre.
Gardez à l’esprit que l’espérance de vie du cancer du foie est une estimation souvent basée sur les résultats antérieurs d’un grand nombre de personnes atteintes d’un cancer spécifique. Mais les taux de survie ne peuvent pas prédire ce qui se passera dans le cas d’une personne en particulier. Le mieux concernant ces questions relatives aux chances de survie, est d’en discuter avec votre médecin, qui connait parfaitement votre situation et sera en mesure de vous dire ce qu’il en est.
Qu’est-ce qu’un taux de survie relative à 5 ans ?
Un taux de survie relatif compare les personnes atteintes du même type et du même stade de cancer aux personnes de la population générale. Par exemple, si le taux de survie relative à 5 ans pour un stade spécifique de cancer du foie est de 30 %, cela signifie que les personnes atteintes de ce cancer ont, en moyenne, environ 30 % de chances de vivre au moins 5 ans après avoir été diagnostiquées, par rapport aux personnes qui ne sont pas atteintes de ce cancer.
Pour comprendre le tableau ci-dessous, nous vous avons expliqué les termes utilisés :
- Localisé : Il n’y a aucun signe de propagation du cancer en dehors du foie.
- Régional : Le cancer s’est propagé à l’extérieur du foie vers des structures voisines ou des ganglions lymphatiques.
- Distant : le cancer s’est propagé à des parties éloignées du corps, comme les poumons ou les os.
Stades | Taux de survie relative à 5 ans |
Localisé | 34% |
Régional | 12% |
Distant | 3% |
Tous les stades combinés | 20% |
En général, les taux de survie sont plus élevés pour les personnes qui peuvent subir une intervention chirurgicale pour enlever leur cancer, quel que soit le stade. Par exemple, des études ont montré que les patients atteints de petites tumeurs résécables (amovibles) qui ne souffrent pas de cirrhose ou d’autres problèmes de santé graves ont de bonnes chances de s’en sortir si leur cancer est retiré. Pour les personnes atteintes d’un cancer du foie à un stade précoce qui bénéficient d’une greffe du foie, le taux de survie à 5 ans est de l’ordre de 60 à 70 %.
L’Institut de radiothérapie Hartmann répond à vos questions sur le cancer du foie
🔭Quels sont les symptômes du cancer hépatique ?
Les signes sont souvent généraux et difficiles à associer à un cancer, parmi les plus courants, nous retrouvons : Une altération de l’état général (fatigue, anorexie), un possible ictère (jaunisse), l’apparition d’ascite (épanchement liquidien intra abdominal), une hypertrophie du foie, ressentie comme une sensation de plénitude sous les côtes du côté droit, une hypertrophie de la rate, ressentie comme une sensation de plénitude sous les côtes du côté gauche.
👴 Le cancer du foie est-il héréditaire ?
Bien que le cancer du foie n'ait pas de forte composante héréditaire, des antécédents familiaux de facteurs de risque de la maladie peuvent augmenter le risque d'un individu de développer un cancer du foie. Les infections par le VHB et le VHC et la consommation excessive d'alcool sont des facteurs de risque importants pour le cancer du foie.
👨⚕️Peut-on guérir d’un cancer du foie ?
Tout cancer du foie est difficile à guérir. Le cancer primaire du foie est rarement détecté à un stade précoce, alors qu'il est le plus facile à traiter. Le cancer du foie secondaire ou métastatique est difficile à traiter, car il s'est déjà propagé. Le réseau complexe de vaisseaux sanguins et de canaux biliaires du foie rend la chirurgie difficile.
🔣Quelle est la principale cause du cancer du foie ?
Dans le monde entier, le facteur de risque le plus courant de cancer du foie est l'infection chronique (à long terme) par le virus de l'hépatite B (VHB) ou de l'hépatite C (VHC). Ces infections sont à l’origine de cirrhose du foie et sont responsables du cancer du foie. Ce type de cancer est le plus fréquent dans de nombreuses régions du monde.
🏥Quel est le traitement le plus courant du cancer hépatique ?
La transplantation du foie s'est avérée être le traitement le plus efficace pour les patients atteints de carcinome hépatocellulaire, un type courant de cancer du foie. Si un patient souffre d'une maladie du foie, telle qu'une cirrhose, la transplantation du foie peut également réduire davantage le risque de récidive après le traitement.
Non traité, combien de temps peut-on vivre avec un cancer du foie ?
Sans traitement, la survie médiane pour un cancer du foie de stade A est de 3 ans. Avec un traitement, entre 50 et 70 personnes sur 100 (entre 50 et 70 %) survivront pendant 5 ans ou plus.
Peut-on prévenir un cancer du foie ?
Vous pouvez réduire votre risque de développer un cancer du foie en suivant des mesures d'hygiène de vie, telles que la pratique régulière d'un exercice physique, le contrôle de votre poids et une alimentation saine avec des quantités limitées d'alcool. Il est également important d'éviter toute infection par les virus de l'hépatite B et C.
À quel âge le cancer du foie survient-il ?
Un cancer du foie peut survenir à n’importe quel âge. Cependant, il est bien plus fréquent chez les personnes âgées. La plupart des personnes diagnostiquées ont plus de 60 ans. De plus, les statistiques montrent que les taux les plus élevés concernent la tranche d’âges entre 85 et 89 ans.