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H. HARTMANN

30 janvier 2025

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Sécheresse vaginale après un cancer : des solutions médicales existent

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Sécheresse vaginale après un cancer des solutions existent
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Par Fabienne Marchand, Sandra Arditti et Nathaniel Scher

Après un traitement contre le cancer, de nombreuses femmes constatent des changements physiques affectant leur confort quotidien et leur bien-être intime. Parmi ces effets secondaires souvent sous-estimés, la sécheresse vaginale est l’un des plus fréquents, touchant jusqu’à 70 % des patientes. Pourtant, ce sujet reste encore trop peu abordé en consultation, alors même qu’il peut entraîner des douleurs persistantes, une gêne lors des rapports sexuels et une altération de la qualité de vie.

Les avancées en oncologie et en médecine régénérative permettent aujourd’hui d’apporter des solutions adaptées pour atténuer ces inconforts et aider chaque femme à retrouver une harmonie corporelle après un traitement anticancéreux.

Pourquoi la sécheresse vaginale est-elle fréquente après un cancer ?

Les traitements oncologiques, bien qu’indispensables pour éliminer les cellules cancéreuses, ont souvent des répercussions sur l’équilibre hormonal et tissulaire. Certains d’entre eux affectent directement la muqueuse vaginale, entraînant des symptômes persistants qui peuvent altérer la vie quotidienne et intime.

L’impact des traitements anticancéreux sur l’équilibre vaginal

Les modifications hormonales et tissulaires responsables de la sécheresse vaginale sont principalement liées aux traitements suivants :

  • La chimiothérapie et l’hormonothérapie : en réduisant la production d’œstrogènes, ces traitements assèchent et fragilisent la muqueuse vaginale et vulvaire, la rendant plus sensible aux irritations et aux micro-lésions.
  • La radiothérapie pelvienne et la curiethérapie : ces traitements ciblant la région pelvienne peuvent entraîner une rigidification des tissus, une perte d’élasticité et, dans certains cas, un rétrécissement vaginal.

Ces altérations se traduisent par des douleurs lors des rapports sexuels (dyspareunie), des démangeaisons, des infections vaginales ou urinaires à répétition, et une gêne au quotidien.

Un impact psychologique et relationnel sous-estimé

En plus des désagréments physiques, la sécheresse vaginale peut affecter l’estime de soi et la vie de couple. Beaucoup de femmes ressentent une gêne à en parler, par pudeur ou par crainte de banaliser leur souffrance. Ce silence peut mener à une détérioration de la vie intime et à un sentiment d’isolement. Il est donc essentiel d’aborder ce sujet avec son médecin pour trouver une solution adaptée et retrouver un bien-être global.

Des solutions médicales innovantes pour restaurer le confort vaginal

Face aux effets secondaires des traitements oncologiques, plusieurs techniques médicales ont émergé pour restaurer l’hydratation et l’élasticité des tissus vaginaux. Ces approches, non hormonales et adaptées aux patientes ayant eu un cancer, permettent de soulager durablement la sécheresse intime.

1. Injections d’acide hyaluronique (Désirial®) : hydrater et revitaliser

  • Mode d’action : L’acide hyaluronique injecté dans la muqueuse vaginale et la vulve permet de restaurer l’hydratation et d’améliorer l’élasticité des tissus.
  • Avantages : Effet visible en quelques semaines, amélioration optimale en trois mois.
  • Procédure : Injection réalisée en cabinet sous anesthésie locale, indolore et sans éviction sociale.

2. Laser vaginal : stimuler la régénération des tissus

  • Mode d’action : La chaleur du laser favorise la production de collagène et améliore la souplesse de la paroi vaginale.
  • Résultats : Réduction des douleurs et amélioration de la lubrification dès la troisième séance.
  • Limites : Contre-indiqué après une radiothérapie pelvienne ou une curiethérapie, et ne traite pas la sécheresse vulvaire.

3. Radiofréquence vulvo-vaginale (RFVV) : une alternative complète

  • Mode d’action : Cette technique stimule la production d’élastine, de collagène et d’acide hyaluronique, hydratant ainsi les muqueuses vaginales et vulvaires.
  • Particularité : Convient aux patientes ayant eu une radiothérapie, ce qui en fait une option plus universelle que le laser.
  • Bénéfices : Efficacité visible dès la troisième semaine, protocole recommandé de trois séances espacées d’un mois.

4. Photobiomodulation par LED : une approche douce et naturelle

  • Mode d’action : La lumière LED stimule la cicatrisation et améliore l’hydratation des tissus.
  • Intérêts : Peut être combinée à d’autres traitements pour potentialiser leurs effets.

5. Plasma Riche en Plaquettes (PRP) : favoriser la régénération cellulaire

  • Mode d’action : Les facteurs de croissance contenus dans le plasma stimulent l’auto-réparation des tissus.
  • Indications : Sécheresse sévère, lichen scléreux.
  • Résultats : Premiers effets observables sous trois semaines, avec deux à trois séances recommandées.

 

Une prise en charge spécialisée pour restaurer la santé intime des patientes

Conscients des besoins spécifiques des femmes ayant traversé un cancer, plusieurs centres spécialisés proposent, à l’instar de l’Institut Rafaël – santé intégrative, désormais une prise en charge globale et personnalisée de la sécheresse vaginale post-traitement.

Dans une approche pluridisciplinaire, ces unités dédiées associent oncologues, gynécologues et experts en médecine intime pour proposer des traitements adaptés à chaque patiente. L’objectif est double :

  1. Atténuer durablement l’inconfort et les douleurs liés à la sécheresse vaginale.
  2. Accompagner chaque femme dans sa reconstruction physique et émotionnelle après un parcours de soin éprouvant.

Grâce aux progrès récents, il est désormais possible de retrouver une vie intime épanouie et un bien-être au quotidien, même après un traitement oncologique lourd.

Pourquoi en parler à son médecin ?

Briser le tabou et consulter un professionnel de santé est la première étape vers une solution efficace. Trop souvent, les patientes hésitent à aborder ces symptômes, pensant qu’il s’agit d’une conséquence inévitable des traitements. Pourtant, il existe aujourd’hui de nombreuses approches non hormonales, validées scientifiquement, qui permettent de retrouver confort et confiance.

Le plus important est d’adopter une prise en charge précoce, car plus le traitement est initié rapidement, plus les résultats sont satisfaisants.

Si vous ressentez une gêne persistante, n’hésitez pas à consulter votre médecin. Il est essentiel de prendre soin de votre santé intime autant que de votre santé globale.

 

Sources bibliographiques

  1. Faubion SS, et al. “Management of genitourinary syndrome of menopause in women with or at high risk for breast cancer: Consensus recommendations from the North American Menopause Society and the International Society for the Study of Women’s Sexual Health.” Menopause, 2018.
  2. Vignozzi L, et al. “Effects of local estrogen therapy on vaginal health and sexual function in women after cancer treatments.” Journal of Sexual Medicine, 2020.
  3. Salvatore S, et al. “Vaginal laser therapy: New insights for the treatment of vaginal atrophy.” Climacteric, 2017.
  4. Samuels JB, et al. “Use of PRP in vulvovaginal rejuvenation and atrophic vaginitis: A clinical review.” Aesthetic Surgery Journal, 2019.
  5. Leone Roberti Maggiore U, et al. “Non-hormonal strategies for the management of vaginal dryness in cancer survivors.” Critical Reviews in Oncology/Hematology, 2021.
  6. Marchand F. “Prise en charge des séquelles intimes après un cancer : une approche intégrative.” Revue Onco-Femme, 2023.

Radiothérapie Hartmann

L’Institut de Radiothérapie et Radiochirurgie H. Hartmann est rattaché au groupe SENY, filiale d’ELSAN, qui développe et gère des établissements de diagnostic et des centres de traitement du cancer. Titulaire d’une autorisation délivrée par l’Agence Régionale de Santé, nous répondons à l’ensemble des critères de fonctionnement édictés par l’Institut National du Cancer (INCa).

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