INSTITUT DE RADIOTHÉRAPIE ET DE RADIOCHIRURGIE

H. HARTMANN

27 mars 2022

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L’hormonothérapie dans la prise en charge du cancer du sein

Catégorie(s) : Cancer du sein
hormonothérapie cancer du sein
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L’hormonothérapie intervient couramment dans la prise en charge du cancer du sein, généralement en complément d’autres traitements tels que la chirurgie oncologique, la radiothérapie et la chimiothérapie. Toutefois, tous les cancers du sein ne sont pas éligibles à l’hormonothérapie. Ils doivent, pour répondre à ce traitement, posséder une caractéristique particulière : être hormonodépendants.

Pour cause, l’hormonothérapie ne se montre d’aucune efficacité sur les cancers dénués de récepteurs hormonaux. Pour ces derniers, l’avenir sera probablement fait de thérapies ciblées qui fonctionnent de la même manière que l’hormonothérapie, mais se concentrent sur des caractéristiques non hormonales.

 

L’hormonothérapie dans le traitement du cancer du sein, qu’est-ce que c’est ?

Commençons tout d’abord par une vidéo explicative que le fonctionnement de l’hormonothérapie:

L’hormonothérapie est un traitement administré dans le cadre de la prise en charge de cancers hormonodépendants, comme c’est souvent le cas des cancers du sein. Un cancer hormonodépendant est un cancer qui réagit aux hormones, notamment sexuelles, du fait de la présence de récepteurs hormonaux sur les cellules qui le composent. En stimulant les récepteurs hormonaux des cellules cancéreuses, les hormones sexuelles agissent comme des facteurs de croissance sur les tumeurs mammaires hormonodépendantes.

C’est la recherche de ces récepteurs hormonaux sur les cellules cancéreuses au moment du diagnostic qui permettra à l’équipe médicale de déterminer si une hormonothérapie est pertinente. On distingue l’hormonothérapie médicamenteuse, qui peut être réversible, de l’hormonothérapie mécanique, qui, elle, est radicale et irréversible.

L’hormonothérapie mécanique est utilisée depuis le 19ème siècle pour lutter contre les cancers hormonodépendants. Elle consiste à supprimer les organes reproducteurs à l’origine de la production d’hormones sexuelles, à savoir, dans le cas du cancer du sein, les ovaires.

L’ovariectomie (ablation des ovaires), bien qu’elle puisse sembler radicale, est généralement bien acceptée par les patientes atteintes d’un cancer du sein. L’âge moyen de survenue de ce cancer est en effet de 63 ans, âge à partir duquel la femme est habituellement ménopausée, et ses ovaires ne sont plus fonctionnels.

L’hormonothérapie médicamenteuse est, quant à elle, généralement réversible à la fin du traitement. Elle est donc privilégiée chez les femmes non ménopausées, notamment lorsqu’elles ont des projets de grossesse.

hormonothérapie médicamenteuse cancer sein

Différentes substances antihormonales peuvent être utilisées dans le cadre d’une hormonothérapie médicamenteuse : les anti-œstrogènes, davantage prescrits chez les jeunes femmes préménopausées, et les anti-aromatases, privilégiés chez les femmes ménopausées. Habituellement, l’hormonothérapie médicamenteuse est un traitement à long terme, administré sur plusieurs années (en moyenne 5 ans). Plus le traitement est prolongé, plus il est considéré comme efficace.

L’hormonothérapie dans le traitement du cancer du sein : pour qui ?

L’hormonothérapie est indiquée dans la prise en charge de cancers du sein hormonodépendants. Un cancer hormonodépendant est constitué de cellules pourvues de récepteurs hormonaux, ce qui les rend sensibles aux hormones sexuelles. Environ 60% à 70% des cancers du sein sont hormonodépendants. Il convient cependant de noter que tous les cancers sont différents et que seule une équipe médicale pluridisciplinaire peut déterminer la pertinence d’une hormonothérapie : tous les cancers hormonodépendants ne répondent pas favorablement à ce type de traitement.

L’hormonothérapie s’adresse à toutes les femmes atteintes par des cancers du sein susceptibles de répondre à ce traitement, mais est plus aisément acceptée par les femmes ménopausées. Pour cause, l’un de ses effets secondaires majeurs est de provoquer une ménopause précoce. Ce processus, qui implique une certaine transformation physique et est associé à la fin de la période de fertilité, peut être difficile à vivre chez les jeunes femmes, notamment chez celle ayant des projets de grossesse.

 

L’hormonothérapie dans le traitement du cancer du sein : impacts et effets secondaires

Les effets secondaires majeurs de l’hormonothérapie sont habituellement semblables aux symptômes survenant lors de la ménopause. Ils peuvent parfois être plus intenses, et s’avérer difficiles à supporter psychologiquement dans ce contexte particulier de maladies graves, notamment chez les femmes jeunes qui peuvent le vivre comme un vieillissement prématuré et craindre une infertilité irréversible.

Typiquement, on observe une stérilité temporaire ou permanente, des bouffées de chaleur, des insomnies, diminution de la libido, une prise de poids, une sécheresse vaginale, une augmentation du cholestérol et des troubles cognitifs. Les impacts psychologiques de ces effets secondaires peuvent être particulièrement importants chez la femme jeune et/ou la femme avec un projet de grossesse, et peuvent nécessiter un accompagnement adapté.

Il est essentiel de noter que le soutien et le suivi psychologique des patientes atteintes d’un cancer du sein font partie prenante de la prise en charge de la maladie. Bien que l’hormonothérapie soit utilisée depuis plus d’un siècle pour lutter contre le cancer du sein, c’est une discipline qui reste en perpétuelle évolution et pourrait bien représenter l’avenir de la médecine oncologique.

La recherche en médecine oncologique se penche en effet sur l’identification de nouveaux récepteurs hormonaux qui pourraient permettre de mettre en place de nouveaux traitements médicamenteux, potentiellement moins lourds et plus efficaces.

Dr Ilan Darmon

Le Dr Ilan Darmon fait partie de l'équipe médicale de l'Institut de Radiothérapie et de Radiochirurgie H. Hartmann qu’il a rejoint depuis 2018, après 3 années d’exercice à l'Institut Curie Paris comme Praticien Assistant Spécialiste des Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC).

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