Contrairement à ce que l’on pourrait aisément imaginer, le cancer du sein n’affecte pas que les femmes, mais touche environ 500 hommes en France chaque année.
Si le cancer du sein chez l’homme se traite peu ou prou de la même manière que chez la femme, son pronostic peut s’avérer plus délicat. De fait, il ne fait pas l’objet d’un dépistage organisé comme le cancer du sein chez la femme, et son diagnostic est parfois tardif.
Pour espérer déceler au plus tôt le cancer du sein masculin, il faut avant tout en connaître l’existence, mais aussi les potentiels facteurs de risque et les symptômes précoces.
Le cancer du sein – Définition
Le cancer du sein est une tumeur maligne, le plus souvent un carcinome canalaire, à savoir un amas de cellules issues des canaux galactophores, qui prolifèrent de manière anarchique.
Comme les femmes, les hommes sont pourvus de tissu mammaire, bien que leurs seins soient nettement moins développés. La présence de tissu mammaire, même en quantité négligeable, implique la possibilité de survenue d’un cancer du sein, même si elle est anecdotique chez l’homme.
De fait, le cancer du sein représenterait moins de 0,5% des cancers masculins, accablants environ 500 hommes en France chaque année, essentiellement à partir de 60 ans.
Cette faible occurrence en fait une maladie particulièrement insidieuse, car souvent sous-diagnostiquée. Un diagnostic tardif induit une prise en charge tardive, qui assombrit le pronostic des hommes atteints de cette maladie.
À l’heure actuelle, le cancer du sein chez l’homme présente toutefois un pronostic encourageant, avec un taux de survie à 5 ans de l’ordre de 80%.
Facteurs de risque du cancer du sein chez l’homme
Certains facteurs pouvant accroître le risque de survenue d’un cancer du sein chez l’homme ont été identifiés depuis longtemps.
Les hommes présentant un ou plusieurs facteurs de risque devraient faire l’objet d’une surveillance particulière, afin de bénéficier d’un diagnostic précoce si la maladie venait à se déclarer. Notons que la présence d’un ou de plusieurs facteurs de risque connus à ce jour n’est pas obligatoire pour développer un cancer du sein.
L’âge est considéré comme un facteur de risque majeur, la plupart des hommes atteints d’un cancer du sein ayant reçu leur diagnostic après 60 ans.
Les antécédents familiaux de cancers du sein masculins et féminins ont aussi été identifiés comme des facteurs de risque. Le nombre de parents ayant souffert d’un cancer, leur âge au moment du diagnostic, le type de leur cancer et leur degré de parenté avec le patient sont autant d’éléments à étudier.
La présence de cancers du sein héréditaires, c’est-à-dire provoqués par des mutations des gènes BRCA, est aussi considérée comme un facteur de risque significatif, notamment lorsque la mutation concerne le gène BRCA2.
Certains troubles hormonaux, comme syndrome de Klinefelter, sont également associés à un risque accru de cancer du sein chez l’homme.
La gynécomastie, un trouble correspondant à un développement anormal du tissu mammaire chez l’homme pouvant être associé à des désordres hormonaux, est également établie comme un facteur de risque.
L’obésité, la cirrhose, la consommation excessive d’alcool et les traitements médicaux à base d’œstrogènes (pouvant être mis en œuvre pour lutter contre un cancer de la prostate, par exemple) sont également des facteurs de risque.
Enfin, des facteurs de risques environnementaux pourraient également être impliqués. C’est, par exemple, le cas d’une exposition à des radiations ou à des substances cancérigènes.
Symptômes du cancer du sein chez l’homme
Le cancer du sein peut évoluer complètement silencieusement à ses prémices. Au fur et à mesure de son développement, il tend à former une masse indolore, le plus souvent localisée près du mamelon ou sous ce dernier.
Un écoulement ou un saignement au niveau du mamelon, une inversion du mamelon qui se rétracte vers l’intérieur, une douleur ou un gonflement au niveau du sein, ou, plus globalement, tout changement dans les sensations ou l’aspect du sein peuvent révéler un cancer.
Des modifications peuvent également apparaître au niveau de l’aisselle, voire de la clavicule. Les ganglions lymphatiques de ces sites auront tendance à enfler ou à se montrer douloureux.
Bien que cela soit plutôt rare, le cancer du sein chez l’homme peut être bilatéral et les tumeurs sont susceptibles d’être multiples. De multiples masses localisées au niveau des deux seins doivent donc également vous alerter.
Lorsque le cancer évolue, des symptômes plus généraux peuvent apparaître. Une fatigue physique et mentale anormale, des douleurs osseuses, un amaigrissement, une toux, un essoufflement ou un ictère (jaunisse) sont autant de symptômes d’un cancer à un stade avancé.
Des épisodes de fièvre peuvent également accompagner les symptômes locaux et généraux d’un cancer du sein chez l’homme.
Diagnostic du cancer du sein chez l’homme
Le diagnostic d’un cancer du sein s’effectue à travers plusieurs examens médicaux qui permettront d’abord de déceler la maladie, puis de mieux la connaître et de la catégoriser pour déterminer quel sera le protocole de traitement le mieux adapté et établir un pronostic.
Alors que le cancer du sein est souvent diagnostiqué fortuitement au cours d’examens de dépistage chez la femme, chez les hommes, il est plutôt découvert après que le patient ait remarqué lui-même une anomalie au niveau d’un de ses seins et ait consulté un médecin généraliste pour ce motif.
Habituellement, un examen clinique constitue la première étape du diagnostic. Il est souvent effectué par un médecin généraliste qui questionne le patient sur ses antécédents, son profil et ses symptômes.
Lorsqu’une masse est mise en évidence, une biopsie est généralement prescrite pour prélever des cellules et analyser leur potentiel malin. Lorsque l’examen visuel et la palpation du sein ne révèlent aucune masse, l’imagerie médicale peut prendre le relais pour rechercher une lésion dissimulée dans les tissus plus profonds du sein et invisible à l’œil nu.
La mammographie est un outil de diagnostic de référence dans la prise en charge du cancer du sein chez l’homme et la femme. Elle permet tant de localiser une tumeur que de guider une biopsie.
Une échographie peut également être réalisée pour différencier une tumeur solide, potentiellement cancéreuse, d’une tumeur liquide, généralement en rapport avec un kyste bénin. Comme la mammographie, l’échographie peut également permettre de guider une biopsie.
Les cellules cancéreuses prélevées au cours de la biopsie sont ensuite analysées en laboratoire au microscope. L’analyse anatomopathologique des cellules tumorales permet de définir leur stade et leur grade, c’est-à-dire leur degré d’évolution et leur agressivité.
Traitement du cancer du sein chez l’homme
Le traitement d’un cancer du sein chez l’homme est toujours personnalisé, car cette maladie peut évoluer de façon très différente d’un patient à l’autre, et on considère désormais volontiers que chaque cancer est unique.
Une équipe médicale pluridisciplinaire établira un protocole de traitement tenant compte de tous les aspects de la maladie, mais également du profil du patient et de sa volonté.
Habituellement, le cancer du sein chez l’homme est traité de la même manière que chez la femme. La prise en charge repose essentiellement sur la chirurgie à laquelle peut être associée, en fonction des résultats anatomopathologiques, une chimiothérapie, une radiothérapie ou une hormonothérapie.
La chirurgie consiste en l’ablation mécanique de la tumeur cancéreuse. Celle-ci est ôtée avec une marge de sécurité suffisante, visant à s’assurer que des cellules cancéreuses ne persistent pas dans l’organisme. En fonction du stade de la tumeur au moment du diagnostic, la chirurgie pratiquée peut être plus ou moins lourde et/ou étendue.
La radiothérapie est souvent administrée en complément d’une chirurgie. Elle consiste à irradier la zone opérée pour éliminer les cellules cancéreuses restantes, souvent impossibles à localiser. Cette radiothérapie adjuvante, c’est-à-dire qui survient après l’opération chirurgicale, permet de réduire efficacement les risques de récidive du cancer du sein.
La radiothérapie peut également intervenir seule lorsqu’une chirurgie n’est pas possible, ou bien en amont d’une chirurgie pour réduire la taille de la tumeur et faciliter son ablation.
La chimiothérapie est un traitement systémique, à l’inverse de la chirurgie et de la radiothérapie. De fait, elle permet d’éliminer les cellules cancéreuses où qu’elles se trouvent dans l’organisme, même lorsqu’elles sont impossibles à localiser.
C’est un traitement médicamenteux, qui consiste en l’administration de substances antitumorales. Elle peut intervenir avant ou après la chirurgie pour limiter les risques de récidive.
La chimiothérapie peut également intervenir seule, quand un traitement par chirurgie et/ou radiothérapie n’est pas possible.
La plupart des cancers du sein chez l’homme sont pourvus de récepteurs hormonaux positifs et réagissent à l’hormonothérapie. L’hormonothérapie intervient généralement en complément des traitements traditionnels, comme la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Elle vise à supprimer l’action de certaines hormones qui agissent comme des facteurs de croissance sur la tumeur cancéreuse, comme c’est notamment le cas des œstrogènes.
L’hormonothérapie peut être chimique, c’est-à-dire médicamenteuse, ou mécanique, soit chirurgicale. L’ablation des testicules (orchidectomie) est particulièrement efficace pour lutter contre le cancer du sein chez l’homme et éviter les récidives.
Le cancer du sein chez l’homme est une maladie relativement rare, et plutôt de bon pronostic. En France, le cancer du sein masculin présente un taux de survie à 5 ans d’environ 80%, un chiffre très similaire au cancer du sein féminin.
Le pronostic étant toujours meilleur lorsque le cancer est diagnostiqué précocement, il est essentiel de ne pas négliger toute modification au niveau de l’aspect de la poitrine chez l’homme et de consulter rapidement en cas d’anomalie.