INSTITUT DE RADIOTHÉRAPIE ET DE RADIOCHIRURGIE

H. HARTMANN

5 juin 2024

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Prostate et troubles urinaires : les risques de la radiothérapie

Catégorie(s) : cancer de la prostate
Radiothérapie de la prostate et risques de troubles urinaires
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La radiothérapie administrée en cas de cancer de la prostate, peut induire différentes lésions des tissus sains situés dans la zone de la tumeur à irradier.

Ainsi, les organes de l’appareil urinaire bas peuvent être endommagés par le traitement, ce qui peut provoquer l’apparition de troubles urinaires transitoires ou, plus rarement, persistants.

Les troubles urinaires pouvant altérer, plus ou moins sévèrement, la qualité de vie du patient après son traitement, il est essentiel de les prendre en considération lors de l’élaboration de la stratégie thérapeutique.

Il convient toutefois de noter que les troubles urinaires radio-induits se font de plus en plus rares avec les innovations technologiques qui ont permis d’augmenter nettement la précision de la radiothérapie.

 

Les causes des troubles urinaires induits par radiothérapie

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La radiothérapie consiste à irradier les cellules cancéreuses afin d’en altérer l’ADN. Il s’agit d’un traitement indolore et sans danger, administré à l’aide de rayons ionisants invisibles, que le patient ne peut sentir et qui, contrairement à certaines croyances, ne brûlent pas.

Le traitement consiste à cibler la lésion cancéreuse ou le site d’exérèse (zone d’où a été ôtée la tumeur) à irradier avec un faisceau de rayons ionisants précisément dirigés.

Malgré une précision toujours plus fine au rythme des progrès de la médecine oncologique, certains tissus sains proches de la cible peuvent également recevoir des irradiations susceptibles de les détériorer et de provoquer des effets indésirables aigus c’est-à-dire pendant ou juste après la fin de la radiothérapie ou chronique  c’est-à-dire pouvant survenir des mois après la radiothérapie.

Dans le cadre de la prise en charge d’un cancer de la prostate, le type d’effets secondaires rencontrés dépend des volumes de tissus irradiés, des doses d’irradiations administrées, des traitements associés, du profil du patient et de sa sensibilité individuelle aux rayons ionisants.

La vessie, située immédiatement au-dessus de l’organe prostatique, fait partie des organes les plus couramment sujets aux effets secondaires de la radiothérapie de la prostate, donnant lieu à différents troubles urinaires.

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Types de troubles urinaires associés à la radiothérapie de la prostate

La radiothérapie de la prostate peut induire différents troubles urinaires, dont les plus fréquents sont les cystites radiques qui se manifestent par des douleurs niveau de la vessie, une sensation de brûlure pendant de la miction, une incontinence urinaire et/ou une envie d’uriner plus fréquente (pollakiurie).

Dans certains cas, la cystite radique se complique d’un syndrome obstructif qui vient perturber la miction (dysurie, gouttes retardataires, jet faible, etc.) et/ou d’une hématurie (présence de sang dans l’urine) le plus souvent légère, mais pouvant être sévère, voire mortelle.

La cystite radique peut survenir précocement, souvent au bout de deux à trois semaines de traitement, ou tardivement, à partir de six mois jusqu’à des années après la fin de la radiothérapie.

Les effets secondaires précoces de la radiothérapie de la prostate sont habituels et attendus, alors que les effets tardifs sont plutôt rares et atypiques. Les troubles précoces sont également plus volontiers réversibles, et leur manifestation n’est pas corrélée à l’apparition de troubles tardifs.

Outre la cystite radique, l’incontinence urinaire est un des effets secondaires les plus communs de la radiothérapie de la prostate. C’est aussi l’un des troubles urinaires les plus redoutés par les patients du fait de son impact potentiellement majeur sur la qualité de vie, l’estime de soi et les interactions sociales.

L’incontinence urinaire radio-induite concernerait jusqu’à 15 % des patients ayant subi une radiothérapie externe de la prostate, et jusqu’à 6 % des patients ayant bénéficié d’une curiethérapie (radiothérapie interne).

Elle survient habituellement la suite de lésions nerveuses altérant le contrôle de la miction, de lésions du sphincter altérant le fonctionnement du mécanisme de rétention des urines, ou d’une réduction de la capacité de la vessie. Sa sévérité varie d’un patient à un autre et est difficilement prévisible.

Enfin, la radiothérapie de la prostate peut provoquer des lésions de l’appareil urinaire bas plus rares, telles qu’une sténose urétérale, une fistule urétérale ou une fistule vésicale.

La sténose (rétrécissement) urétérale est souvent asymptomatique, mais peut se manifester par des infections urinaires à répétition, ainsi que des douleurs lombaires.

La fistule (connexion anormale entre des organes) urétérale, quant à elle, se traduit typiquement par des fuites urinaires et des troubles de la miction.

La fistule (connexion anormale entre des organes) urétérale, quant à elle, se traduit typiquement par des fuites urinaires et des troubles de la miction. La fistule vésicale peut se traduire par une variété de symptômes dépendant de l’organe auquel la vessie s’est connectée (vagin, rectum, intestin, etc.). On peut observer par exemple des infections urinaires à répétition ou une hématurie. Ces signes sont extrêmement rares après une radiothérapie.

Consultez également notre article sur le cancer de l’anus

 

Traitement des troubles urinaires induits par radiothérapie de la prostate

traitement trouble urinaire

Le traitement des troubles urinaires induits par la radiothérapie fait partie intégrante de la prise en charge de tout cancer de la prostate.

Si vous souffrez, ou pensez souffrir, d’effets secondaires précoces ou tardifs de votre radiothérapie, même des années après la fin de votre traitement, il est essentiel d’en informer votre équipe médicale pour bénéficier d’une prise en charge adaptée.

L’incontinence urinaire peut être améliorée à l’aide d’une rééducation du périnée et du sphincter, ainsi que par des mesures d’hygiène de vie adaptées à chaque patient au cas par cas.

Les cystites radiques, fistules et sténoses urétérales et fistules vésicales requièrent a minima une surveillance adaptée, et peuvent nécessiter un traitement spécifique.

Pour conclure, les effets secondaires urinaires suite à une radiothérapie sont souvent légers et peu fréquents, il altère rarement de manière importante la qualité de vie d’un patient. Ainsi, la radiothérapie est efficace et bien toléré et fait partie des traitements utilisés le plus fréquemment pour guérir d’un cancer de prostate avec une bonne qualité de vie.

Dr Scher Nathaniel

Dr Nathaniel SCHER est spécialisé en oncologie et radiothérapie, il est attaché de recherche au sein de l’institut de radiothérapie Hartmann depuis 2017 ou il coordonne plusieurs projets de recherche clinique.

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