INSTITUT DE RADIOTHÉRAPIE ET DE RADIOCHIRURGIE

H. HARTMANN

27 janvier 2021

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Le cancer ORL (ou cancer de la sphère ORL)

Catégorie(s) : Traitements
Les cancers de la sphère ORL
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Les cancers de la sphère ORL (Oto-Rhino-Laryngée) représentent le 4ème type de cancer le plus fréquent chez l’homme, et le 10ème chez la femme en France. Bien que cette appellation regroupe un vaste ensemble de cancers touchant différentes parties du corps, les cancers de la gorge (oropharynx) et de la bouche représentent la grande majorité d’entre eux.

La prise en charge des tumeurs ORL dépend tant de la nature du cancer mis en évidence que du profil du patient. Néanmoins, en cancérologie, la radiothérapie constitue souvent le traitement essentiel, en association ou non avec une chimiothérapie et, lorsque c’est possible, une chirurgie.

 

Le cancer ORL, qu’est-ce que c’est ?

Les cancers de la sphère ORL sont un ensemble de tumeurs malignes atteignant les voies aérodigestives supérieures (VADS), également dénommés cancers de la tête et du cou – bien que les cancers cérébraux ne soient pas inclus dans cette désignation.

Parmi eux, on différencie le cancer selon sa localisation: la bouche ou cavité buccale  (langue principalement), le pharynx où l’on distingue 3 parties (nasopharynx ou cavum, oropharynx et hypopharynx), le larynx (où se situent les cordes vocales), ainsi que les fosses nasales (nez). 

De ce fait, les cancers de la sphère ORL affectent essentiellement les organes responsables de la déglutition, de la phonation et de la respiration.

L’association d’une intoxication tabagique à celle d’une intoxication alcoolique a longtemps induit une prévalence de ces cancers chez les hommes entre 50 et 64 ans, bien que les femmes ne soient pas épargnées et représentent environ 30% des cas.

Cependant, depuis une vingtaine d’années, l’infection persistante par un virus, l’HPV (Human papilloma virus), est devenu le second, voire dans certaines régions le premier, facteur de risque de cancer ORL. Il affecte plus fréquemment l’oropharynx. Cette situation est retrouvée chez des patients plus jeunes, souvent sans intoxication alcoolo-tabagique par ailleurs. En France, en 2015, 34 % des nouveaux cas de cancers de l’oropharynx sont attribuables à l’HPV. 

Viennent en troisième position, les expositions professionnelles, dans les cancers des fosses nasales, ou encore l’EBV (Epstein Barr virus) dans les cancers du nasopharynx (dit cavum ou rhinopharynx).

 

Les différents cancers de la sphère ORL

Les cancers de la gorge et de la cavité buccale sont les cancers de la sphère ORL les plus fréquemment rencontrés en France. Leurs prévalence atteignent respectivement le larynx (30 à 35% des cancers ORL), l’hypopharynx (25 à 30 % des cas), la cavité buccale (20-25%) et l’oropharynx (10 à 15% des cas).

L’histologie majoritaire de ces tumeurs est le carcinome épidermoïde atteignant la muqueuse. 

Plus rarement, une tumeur peut aussi affecter les tissus profonds (os de la mâchoire, muscle…), mais aussi les glandes salivaires et les amygdales. Des formes plus atypiques tels que les sarcomes, les mélanomes et les lymphomes sont également observés mais de façon beaucoup plus rare.

La consommation d’alcool et de tabac en synergie est le principal facteur de risque identifié dans le développement des cancers ORL. Cependant, étant également le principal facteur de risque du cancer de l’œsophage et du cancer des poumons pour le tabagisme, un bilan complet à la recherche de ces autres cancers est systématiquement réalisé lors de la découverte d’un cancer ORL.

Les cancers du nez, touchant les sinus, les fosses nasales et l’ethmoïde, liés à une exposition professionnelle, notamment aux poussières de bois, sont plus rares et représentent moins de 1% des cancers ORL. Il s’agit le plus souvent d’adénocarcinomes.

De moindre manière en France, (moins de 1% des cancers ORL), se rencontre également des cancers du nasopharynx (cavum ou rhinopharynx), essentiellement dus à une infection par le virus Epstein Barr, principalement retrouvée dans le pourtour méditéranéen et en Asie du Sud-Est.

 

Cancer ORL : traitement par radiothérapie

Différentes thérapies peuvent être envisagées pour lutter contre un cancer de la sphère ORL, et il revient à l’équipe soignante de déterminer quel protocole de traitement doit être privilégié en fonction du type de cancer diagnostiqué, mais aussi du profil du patient (âge, état de santé, antécédents, etc.).

La chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie sont les traitements de référence, à portée curative ou palliative. L’immunothérapie peut également être utilisée, bien que ce traitement prometteur en soit encore au stade des essais cliniques.

Traditionnellement, la radiothérapie externe constitue un traitement de première ligne dans la lutte contre la plupart des cancers.  Ce traitement consiste à irradier les sites tumoraux pour détruire l’ADN des cellules – saines et malades ­– qui s’y trouvent, ce qui les empêche de se répliquer.

Bien que la médecine progresse sans cesse pour mettre au point des traitements par radiothérapie toujours plus ciblés, afin d’épargner le maximum de tissus sains, une détérioration de certaines cellules saines demeure inévitable.

Afin de limiter la toxicité induite sur les tissus et organes sains avoisinants la tumeur, la technique utilisée est la radiothérapie conformationnelle par modulation d’intensité (RCMI), technique désormais de référence lors du traitement des cancers ORL.

La RCMI est une technique d’irradiation parmi les plus modernes, permettant de préserver davantage de tissus sains tout en administrant des doses de rayonnements plus élevées aux cellules cancéreuses. De fait, la RCMI offre une efficacité accrue, pour des effets secondaires moins lourds – bien que chaque patient réagisse différemment aux traitements par irradiation.

Cette thérapie implique de scanner la tumeur pour la délimiter avec précision, afin de moduler l’intensité des radiations au niveau de la zone ciblée. 

Dans de plus rares cas, lorsque la tumeur est très limitée en taille et très localisée, une radiothérapie interne, ou curiethérapie, peut également être envisagée. Cette méthode de traitement consiste à implanter un cathéter au sein de la tumeur cancéreuse, pour irradier les cellules cancéreuses de l’intérieur, épargnant ainsi les tissus sains voisins grâce à une action très ciblée.

Dans la majorité des cas, une radiothérapie externe par RCMI est réalisée et celle-ci est régulièrement associée à une chimiothérapie. Lorsque réalisable, une chirurgie dite tumorectomie (ablation chirurgicale de la tumeur), peut également être réalisée auparavant.

Lorsque la radiothérapie est administrée après une chirurgie, on parle de traitement adjuvant. Son rôle est alors essentiellement de compléter le traitement chirurgical et de prévenir les récidives en éliminant des cellules cancéreuses qui n’auraient pas pu être ôtées au cours de la chirurgie.

La radiothérapie peut également intervenir en amont d’une chirurgie pour réduire la taille d’une tumeur et faciliter son exérèse. Elle est alors dite néoadjuvante.

Enfin, la radiothérapie peut être administrée seule, soit dans une visée curative, pour détruire la tumeur, soit dans une visée palliative, principalement en cas de maladie métastatique, pour atténuer les symptômes causés par la maladie.

Les cancers de la sphère ORL sont parmi les plus fréquents en France, bien qu’ils tendent à reculer avec l’évolution des habitudes de consommation de la population, qui va vers une diminution du tabagisme et des intoxications alcooliques.

Pour l’heure, on observe néanmoins une augmentation des cancers liés à l’infestation par HPV, dont la vaccination n’est pas encore généralisée à la population générale.

 

Bibliographie:

https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2009-12/ald_30_guide_vads_web.pdf

– https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Cancers-de-la-sphere-ORL-voies-aerodigestives-superieures/La-radiotherapie; https://curie.fr/dossier-pedagogique/les-cancers-de-la-tete-et-du-cou ;

https://bit.ly/3rw7R9L

Dr Pauline CASTELNAU-MARCHAND

Le Dr Pauline Castelnau-Marchand a rejoint l’équipe de l’Institut de Radiothérapie Hartmann en 2020, afin de poursuivre son activité médicale et de recherche, elle est notamment très impliquée dans la prise en charge des cancers du sein chez les femmes jeunes, des cancers ORL, urologiques ou encore digestifs. Le Docteur Castelnau-Marchand est également engagée dans l’enseignement et la formation médicale, en tant que vice-présidente du Club des Oncologues Radiothérapeutes Parisiens (CORP) depuis 2018.

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