Lorsqu’une tumeur touche le cerveau, elle provoque souvent un gonflement du tissu environnant. Ce gonflement, appelé œdème, est l’une des principales causes des symptômes neurologiques. La prednisolone aide à le contrôler pendant la radiothérapie, en soulageant rapidement les céphalées, la sensation de pression intracrânienne et certains déficits neurologiques. L’objectif est de stabiliser les symptômes le temps que l’irradiation produise ses effets et de permettre un déroulement des séances dans de bonnes conditions.
Contexte clinique
Les tumeurs cérébrales primitives et les métastases peuvent rendre la barrière hémato-encéphalique plus perméable, entraînant une accumulation d’eau autour des lésions. On peut comparer cet œdème à une inflammation locale : le cerveau, enfermé dans la boîte crânienne, ne peut pas se dilater, ce qui crée une pression interne responsable des maux de tête et des troubles neurologiques.
La radiothérapie traite la cause tumorale, mais son effet n’est pas immédiat. La corticothérapie par prednisolone (ou une molécule équivalente) sert alors de relais clinique pour réduire rapidement l’œdème et éviter des interruptions de traitement non souhaitées.
Quand utiliser la prednisolone ?
L’indication repose avant tout sur les symptômes et l’examen clinique. Une reprise de céphalées, un déficit moteur ou cognitif nouveau, des vomissements en jet, des troubles de la vigilance ou de la vision orientent vers une poussée d’hypertension intracrânienne.
Il est important de rappeler que la prednisolone n’est pas systématique : elle est prescrite uniquement lorsque des symptômes gênants apparaissent ou risquent d’apparaître. L’objectif est toujours de trouver la dose la plus faible possible qui apporte un soulagement rapide sans effets indésirables excessifs.
Les contextes fréquents sont les métastases cérébrales, les gliomes, et la période qui suit une radiochirurgie stéréotaxique. La décision tient compte du retentissement fonctionnel et des comorbidités.
La prednisolone appartient à la même classe que la dexaméthasone. Le choix dépend des habitudes de l’équipe et du profil du patient ; des équivalences existent entre molécules pour obtenir un effet anti-œdémateux comparable. La posologie initiale se fonde sur la sévérité des symptômes puis s’ajuste à la réponse clinique. La voie orale est privilégiée dès que possible. Un relais à la baisse est envisagé dès que l’état neurologique se stabilise. L’objectif reste la dose minimale efficace pendant la durée la plus courte compatible avec un contrôle satisfaisant des symptômes.
Utilisation de la prednisolone pendant la radiothérapie
Deux approches sont courantes :
- Démarrer la prednisolone quelques jours avant la première séance lorsque les symptômes sont présents,
- L’introduire uniquement si des signes d’aggravation surviennent en cours d’irradiation lorsque le patient était initialement peu symptomatique.
La prescription de cortisone pendant une radiothérapie cérébrale n’est pas systématique : elle dépend du type de lésion irradiée, de sa taille, de la technique utilisée et de la dose délivrée. Elle est le plus souvent proposée à titre préventif lors d’une radiothérapie stéréotaxique ou d’une radiochirurgie, ou bien en cas de signes d’hypertension intracrânienne (maux de tête, vertiges, nausées…). Dans tous les cas, la décision se discute toujours avec le radiothérapeute.
Une réévaluation rapprochée guide les adaptations. L’amélioration clinique permet une décroissance progressive. Le sevrage doit être étalé afin de limiter le risque de rebond symptomatique et de prévenir une insuffisance surrénale. Le calendrier est individualisé et s’appuie sur des repères cliniques et, lorsque nécessaire, sur l’imagerie. En pratique, la durée du traitement varie selon la situation, mais dépasse rarement quelques semaines : la prednisolone est maintenue le temps que la radiothérapie commence à agir sur la tumeur et que l’œdème se stabilise. Chaque adaptation de dose se fait sous contrôle médical.
Effets indésirables et prévention
Les corticoïdes exposent à des effets connus : hyperglycémie, prise de poids, troubles du sommeil et de l’humeur, fragilité cutanée, risque infectieux accru. Une protection gastrique peut être proposée selon le terrain. Une supplémentation en calcium et vitamine D devient pertinente si la durée s’allonge.
La plupart de ces effets secondaires sont transitoires et réversibles après arrêt du traitement. Prendre la prednisolone le matin, au cours du petit-déjeuner, aide à limiter l’insomnie et les irritations gastriques. Une surveillance régulière du poids, de la tension artérielle et de la glycémie est souvent mise en place lorsque le traitement se prolonge sur plusieurs semaines, afin de détecter précocement d’éventuels déséquilibres.
Une hygiène de vie adaptée contribue beaucoup : activité physique selon les possibilités, alimentation équilibrée, respect du rythme veille-sommeil. L’information anticipée du patient réduit l’anxiété et améliore l’observance.
La prednisolone doit être coordonnée avec l’oncologie médicale. En cas de chimiothérapie concomitante, la vigilance porte sur la numération sanguine et le risque infectieux. En cas d’immunothérapie, un usage prolongé à dose élevée peut théoriquement atténuer la réponse immunitaire ; la conduite à tenir se discute en réunion multidisciplinaire. Les comorbidités guident les précautions (diabète, HTA, insuffisance cardiaque, ostéoporose, glaucome). L’automédication est à éviter et tout nouveau traitement doit être signalé.
Alternatives et compléments
La dexaméthasone représente une alternative lorsque l’on recherche un effet anti-œdémateux marqué. Des mesures non pharmacologiques complètent la prise en charge : hydratation suffisante, régularité du sommeil, adaptation des activités. Les traitements adjuvants sont utilisés selon l’indication (antiépileptiques en cas de crises, antalgiques adaptés, recours au mannitol ou à des solutions hypertoniques en contexte aigu hospitalier). L’objectif reste inchangé : contrôler les symptômes rapidement et de manière sûre, en attendant l’effet tumoral de la radiothérapie.
Suivi clinique et imagerie
Le suivi repose sur l’évaluation régulière des symptômes et de l’examen neurologique. Une échelle simple, partagée entre le patient et l’équipe, aide à objectiver l’évolution. L’IRM est l’examen de référence pour apprécier l’œdème et l’évolution des lésions lorsque la clinique ne suffit pas à décider. Les résultats se corrèlent toujours à la réalité clinique.
Le plan de sevrage s’ajuste à chaque étape : une amélioration permet une réduction ; la réapparition de signes conduit à ralentir la décroissance ou à revenir au palier précédent. La prise doit être faite à heure régulière avec un verre d’eau ; une prise matinale limite l’insomnie. Le patient note l’apparition de signes d’hyperglycémie ou d’inconfort digestif et signale toute fièvre. Un régime raisonnable aide à contrôler l’appétit et le poids. La conduite automobile ou le travail restent possibles si l’état neurologique le permet et si la vigilance est suffisante. En cas de doute, l’équipe référente répond et adapte les recommandations. Le sevrage ne doit jamais être interrompu brutalement sans avis médical.
En conclusion, la prednisolone apporte un bénéfice clinique rapide lorsque l’œdème compromet la tolérance ou l’efficacité de la radiothérapie. On recherche la moindre dose efficace, sur une durée en général limitée à quelques semaines, avec un suivi rapproché pour sécuriser la décroissance et limiter les effets indésirables. La coordination entre radiothérapeute, oncologue médical et neurologue renforce la qualité de la prise en charge. Une information claire du patient améliore l’adhésion et réduit les interruptions de traitement.