INSTITUT DE RADIOTHÉRAPIE ET DE RADIOCHIRURGIE

H. HARTMANN

30 mai 2021

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Cancer colorectal : dépistage, stades et survie

Catégorie(s) : Cancer colorectal
Cancer colon
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À l’heure actuelle, le cancer colorectal concerne plus de 40 000 Français chaque année. Il occupe la deuxième place au rang des cancers les plus fréquents chez la femme, et la troisième chez les hommes.

Sa prévalence en fait un des cancers les plus meurtriers, puisqu’il est le deuxième responsable du plus grand nombre de décès par cancer chez les hommes, après le cancer du poumon, et le troisième chez la femme, après le cancer du sein et le cancer du poumon.

Et pourtant, lorsqu’il est détecté à un stade précoce de son évolution, le cancer colorectal offre un très bon pronostic, avec une guérison complète dans 90 % des cas.

Le dépistage est donc un enjeu majeur de la lutte contre le cancer colorectal, un diagnostic précoce étant presque systématiquement synonyme de chances de survie nettement améliorées.

 

Le cancer colorectal

cancer du colon

Si cette pathologie regroupe les cancers du côlon et du rectum en une seule catégorie et sous un nom unique, bien qu’il s’agisse de deux organes différents, c’est tout simplement parce qu’ils sont constitués des mêmes tissus et ne se distinguent pas par une frontière nette.

Les cancers qui se développent au niveau du côlon et du rectum sont donc très similaires, et peuvent présenter les mêmes symptômes initiaux.

La grande majorité des cancers colorectaux sont des adénocarcinomes. Il s’agit de tumeurs qui se développent à partir des cellules glandulaires tapissant la paroi de ces organes et produisant le mucus destiné à faciliter la mobilité des excréments. On croise toutefois d’autres types de cancers colorectaux plus rares, comme le carcinome à petites cellules et le carcinome épidermoïde.

Certaines anomalies cellulaires locales, telles que la présence de polypes hyperplasiques, peuvent également constituer des lésions précancéreuses, c’est-à-dire des tumeurs non cancéreuses, mais favorisant la survenue de cancers.

 

Enjeux du dépistage du cancer du colon

Le dépistage du cancer colorectal est essentiel pour améliorer le pronostic des patients qui en sont atteints. Aujourd’hui, c’est encore un cancer à pronostic délicat, avec un taux global de survie, tous stades confondus, à 5 ans d’environ 63 % qui, s’il s’est considérablement amélioré ces dernières décennies, pourrait être bien meilleur.

En effet, lorsqu’il est traité à un stade précoce de son évolution, le cancer colorectal offre de bonnes chances de survie, de l’ordre de 90 %. Cependant, le cancer colorectal évoluant généralement silencieusement à ses prémices, c’est-à-dire sans provoquer de symptômes, un diagnostic précoce est difficile.

Les pronostics négatifs, qui assombrissent le tableau global, sont essentiellement dus aux diagnostics tardifs, survenant lorsque la maladie est déjà trop étendue pour être contrôlée. Si une campagne de dépistage organisé existe depuis 2008 en France, elle connaît un succès mitigé, avec un taux de participation de seulement 33 %.

Les motifs souvent évoqués par les patients pour justifier ce chiffre décevant permettent d’identifier le manque d’information – au sujet de la maladie comme des modalités de dépistage – et l’embarras et l’inconfort relatifs aux procédures de test comme des freins majeurs. La mise à disposition, depuis 2015, d’un test immunologique pouvant être réalisé à domicile par chaque patient permet de parer en partie à cette problématique et entend démocratiser le dépistage du cancer colorectal dans un futur proche.

 

Modalités de dépistage du cancer colorectal

 

depister cancer du colon

Il est désormais possible de dépister plus facilement le cancer colorectal grâce à un test immunologique que chaque personne peut réaliser à domicile. Toutefois, chez les personnes exposées à un risque élevé de développer un cancer colorectal, la coloscopie est privilégiée à ce test immunologique à des fins de dépistage. Un suivi spécialisé par un gastro-entérologue est alors réalisé.

Le test ne permet pas de relever la présence d’un cancer à proprement parler. Il vise plutôt à mettre en évidence la présence de sang dans les selles, parfois imperceptible à l’œil nu. La présence de sang dans les selles, même infime, est un des symptômes précoces du cancer colorectal. Lorsque le test immunologique est positif, il convient donc de procéder à une coloscopie pour rechercher les lésions à l’origine de ces saignements.

Bien évidemment, toutes les lésions pouvant expliquer la présence de sang dans les selles ne sont pas cancéreuses. En fonction des résultats de la coloscopie, des examens supplémentaires (biopsie, anatomopathologie, etc.) seront nécessaires pour évaluer le potentiel malin des lésions décelées.

 

À qui s’adresse le dépistage du cancer colorectal ?

 

Dépistage du cancer colorectal en France par région

Participation par région au programme de dépistage organisé du cancer colorectal – Source InVS, 2011

 

Tout le monde n’est pas exposé aux mêmes risques de développer un jour un cancer colorectal. Il est essentiel de consulter votre médecin traitant afin qu’il vous recommande le protocole de dépistage le mieux adapté à votre profil.

L’analyse de votre profil, mode de vie et antécédents personnel et/ou familial sont autant d’éléments à prendre en compte pour élaborer une stratégie de dépistage personnalisée performante.

De manière générale, tous les hommes et toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans devraient procéder à un test immunologique tous les 2 ans. Avant 50 ans, on estime que le risque de cancer colorectal est moindre chez les personnes ne présentant aucun facteur prédisposant. Le risque diminue également après 74 ans, bien que le dépistage puisse être poursuivi après cette limite.

Chez les personnes à risque, l’examen de dépistage privilégié est la coloscopie, qui offre des résultats plus précis. Le suivi doit être effectué par un gastroentérologue, parfois en collaboration avec une équipe pluridisciplinaire. L’intervention de spécialistes en oncogénétique est parfois privilégiée chez les patients comptant des antécédents de maladies héréditaires du côlon et/ou du rectum.

Une vidéo explicative (source: Institut national du cancer) sur le Dépistage du cancer colorectal

Le cancer colorectal présente, encore aujourd’hui, un pronostic délicat, et demeure une cause de mortalité par cancer des plus fréquentes en France. La généralisation des tests immunologiques de dépistage pourrait toutefois changer la donne dans les années à venir en favorisant un diagnostic plus précoce de la maladie.

La prise en charge précoce du cancer colorectal permettrait en effet d’approcher les 90 % de chances de guérison, alors que le taux de survie global plafonne aujourd’hui à 63% seulement.

 

Les différents stades du cancer du côlon

cancer colorectal stade

On utilise la classification TNM pour établir les différents stades du cancer colorectal. Cette classification comprend 5 stades pour le cancer du côlon, allant du stade 0 au stade 4. Généralement, on utilise les chiffres romains pour les stades allant de 1 à 4. Plus le cancer colorectal à un stade élevé, plus la maladie s’est étendue.

Pour parler du stade, on peut également employer les termes de local, régional ou distant. Un cancer colorectal local signifie que la maladie est cantonnée uniquement au niveau du côlon ou du rectum. Un cancer colorectal régional signifie que la maladie s’est étendue autour ou proche de ces organes. Un cancer colorectal distant implique qu’il existe une propagation à une zone du corps plus éloignée.

Par ailleurs, le stade est impacté par la profondeur de la tumeur et l’envahissement des différentes couches de tissu.

Cancer du côlon stade 0

À ce stade, les cellules tumorales sont uniquement présentes au niveau de la muqueuse (la couche interne) du côlon ou du rectum. Elles peuvent être observées dans l’épithélium ou dans le tissu conjonctif de la muqueuse, mais il n’y a pas de franchissement au-delà de la couche musculaire de la muqueuse.

Cancer colorectal stade 1

Le cancer a infiltré la sous-muqueuse (la couche de tissu conjonctif entourant la muqueuse) ou la musculeuse (la couche de tissu musculaire externe du côlon ou du rectum).

Cancer du côlon stade 2

Stade 2A

La tumeur s’est propagée au niveau de la couche tissulaire présente entre la musculeuse et la séreuse, ou elle a infiltré des tissus en dehors de la musculeuse.

Stade 2B

Le cancer s’est propagé au-delà de la séreuse ou du péritoine viscéral, la couche qui tapisse et soutient le rectum ou le côlon.

Stade 2C

Le cancer est retrouvé dans des zones du corps ou des organes voisins, en dehors de son siège initial. Il peut avoir envahi la vessie, l’utérus, la prostate…

Cancer du côlon stade 3

Les ganglions lymphatiques proches du côlon ou du rectum sont envahis. On peut également affiner le stade 3 en trois sous-stades allant de A à C en fonction de l’extension tumorale et du nombre de ganglions lymphatiques envahis.

Cancer colorectal stade 4

La pathologie a envahi des zones du corps plus lointaines pour former des métastases (poumons, foie…). On peut aussi parler de cancer du côlon métastatique ou de cancer du rectum métastatique.

Stade 4A

La maladie s’est propagée à une seule localisation secondaire à distance ou a envahi des ganglions lymphatiques lointains.

Stade 4B

Le cancer a engendré plusieurs localisations à distance dans différents organes.

Stade 4C

La maladie a envahi le péritoine.

Lire également notre article sur le cancer du péritoine

 

Espérance de vie cancer du côlon : quel est le taux de survie?

De nombreux facteurs influencent les chances de survie des patients porteurs d’un cancer colorectal. Ces données sont estimées à titre indicatif et ne peuvent déterminer avec certitude quelles seront les chances de guérison face à la maladie.

Globalement, le taux de survie à 5 ans des personnes touchées par un cancer colorectal est de 63 % en France. Ce chiffre est légèrement plus élevé chez les femmes (65 %) que chez les hommes (62 %).

Le taux de survie est impacté par plusieurs paramètres, comme l’âge. En règle générale, si le diagnostic est réalisé chez une personne jeune, les chances de guérison du cancer du côlon sont plus favorables.

 

Survie au cancer colorectal selon le stade

Le stade est l’un des facteurs les plus déterminants pour établir un pronostic et les chances de survie face à la maladie. Plus le stade de la maladie est précoce au moment du diagnostic, meilleures sont les chances de guérison.

Les chiffres concernant la survie du cancer du côlon après 5 ans sont donc fortement impactés par le stade de la maladie :

  • Cancer du côlon stade 1 : chances de survie à 92 % après 5 ans
  • Cancer du côlon stade 2 : chances de survie variant de 65 à 87 % après 5 ans
  • Cancer du côlon stade 3 : chances de survie variant de 53 à 90 % après 5 ans
  • Cancer du côlon stade 4 : chances de survie à 12 % après 5 ans

Il en va de même pour le cancer du rectum, dont le stade influence largement les statistiques de survie relative après 5 ans :

  • Cancer du rectum stade 1 : chances de survie à 88 % après 5 ans
  • Cancer du rectum stade 2 : chances de survie variant de 50 à 81 % après 5 ans
  • Cancer du rectum stade 3 : chances de survie variant de 58 à 83 % après 5 ans
  • Cancer du rectum stade 4 : chances de survie à 13 % après 5 ans

D’autres critères sont capables d’influencer le pronostic d’un cancer colorectal. C’est notamment le cas du type de cancer, de certaines de ses caractéristiques, des antécédents médicaux et familiaux, des traitements retenus et de leur efficacité.

 

 

 

SOURCES :

  1. https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-colorectal/Quelle-modalite-de-depistage-pour-qui ;
  2. https://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Se-faire-depister/Depistage-du-cancer-colorectal/Le-depistage-en-pratique

Dr Pauline CASTELNAU-MARCHAND

Le Dr Pauline Castelnau-Marchand a rejoint l’équipe de l’Institut de Radiothérapie Hartmann en 2020, afin de poursuivre son activité médicale et de recherche, elle est notamment très impliquée dans la prise en charge des cancers du sein chez les femmes jeunes, des cancers ORL, urologiques ou encore digestifs. Le Docteur Castelnau-Marchand est également engagée dans l’enseignement et la formation médicale, en tant que vice-présidente du Club des Oncologues Radiothérapeutes Parisiens (CORP) depuis 2018.

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