INSTITUT DE RADIOTHÉRAPIE ET DE RADIOCHIRURGIE

H. HARTMANN

25 septembre 2020

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Quel est l’impact des traitements de radiothérapie sur la vie sexuelle du patient ?

Catégorie(s) : Traitements
chimiothérapie dans le traitement du cancer
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Les séances de radiothérapie, comme tous les traitements du cancer, peuvent avoir des retentissements physiques et psychologiques sur la vie intime et sexuelle des patients. Les difficultés varient selon la partie du corps traitée par les rayons.

Radiothérapie du cancer du sein et vie sexuelle

dépistage du cancer du sein

Le cancer du sein reste le cancer féminin le plus important en France. Si le dépistage organisé et l’amélioration de la prise en charge thérapeutique ont permis d’augmenter le taux de guérison, la qualité de vie après cancer (et la vie intime des patients) est tout de même affectée. La prise en charge thérapeutique globale du cancer du sein influe sur la qualité de la santé sexuelle des patientes après cancer.

La mastectomie (chirurgie non conservatrice) engendrerait plus de séquelles sur la santé sexuelle des patientes qu’une chirurgie conservatrice. Les effets portent sur une diminution du désir, de l’excitation et de l’orgasme. La reconstruction mammaire immédiate permet de limiter les conséquences psychologiques comme l’anxiété et la mauvaise image du corps, que les patientes considèrent comme « mutilé ».

Après une chirurgie mammaire, une radiothérapie du sein ou de la paroi thoracique est souvent proposée. Celle-ci peut provoquer des effets secondaires locorégionaux immédiats ou tardifs. Si les conséquences sur la vie sexuelle des patientes après radiothérapie sont difficiles à évaluer, les résultats de certaines études scientifiques ont pu mettre en évidence une diminution de la qualité de vie générale (et implicitement, de la vie sexuelle).

Sur le plan physique, on note une diminution de la lubrification, des dyspareunies (douleurs lors des rapports sexuels) ou encore une anorgasmie. Il existe parfois des douleurs du sein en cas de fibrose et une diminution de la mobilité du membre supérieur (entraînée par un lymphœdème).

Ces modifications du corps, et l’impact sur l’état de santé général, peuvent entraîner des difficultés sur le plan psychologique. Les troubles dépressifs et anxieux ne sont pas rares, et on observe une baisse de la libido et du désir.

Radiothérapie du cancer de la prostate et sexualité

radiothérapie cancer prostate et vie sexuelle

Les traitements du cancer de la prostate peuvent eux aussi impacter la santé sexuelle des patients. Les troubles de la vie sexuelle durant les premières années après cancer chez les patients traités pour un cancer de la prostate toucheraient entre 30 et 50 % des hommes.

La difficulté la plus fréquente concerne les troubles de l’érection (voire une disparition complète de la fonction érectile) après l’irradiation prostatique, plus ou moins associée à une hormonothérapie. Les processus impliqués sont difficiles à mettre en évidence et dépendent de la radiosensibilité des individus, de leur état de santé général et de l’étendue de la zone traitée (les corps érectiles sont à proximité de la zone à irradier).

L’hormonothérapie par blocage androgénique peut par ailleurs provoquer une perte de désir sexuel et ainsi, influer sur la fonction érectile.

La radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité [MRT] et la radiothérapie stéréotaxique [SBRT] améliorent la situation en limitant l’irradiation aux tissus à proximité immédiate de la prostate, diminuant par la même occasion l’impact sur la fonction érectile.

La dysfonction érectile peut être cependant prise en charge grâce à des traitements médicamenteux, des injections intracaverneuses ou encore des appareillages.

Radiothérapie des cancers pelviens et vie sexuelle

L’irradiation du pelvis pour les cancers gynécologiques, les cancers du rectum ou les cancers de l’anus peuvent entraîner une baisse du désir, des dyspareunies chez les femmes, des troubles de l’érection et de l’éjaculation chez les hommes, et de manière générale, une aggravation des troubles sexuels déjà existants.

Les séquelles de l’irradiation peuvent survenir entre 1 et 3 ans après la fin de la radiothérapie. Il peut s’agir de fibrose, d’une ischémie des tissus, d’un endommagement endothélial, de réactions inflammatoires, d’une nécrose…

Chez les patientes traitées par radiothérapie pelvienne, les tissus du vagin et de la vulve peuvent subir des dommages importants, compliquant la vie intime. L’apparition d’un érythème, d’adhérences ou encore d’une perte d’élasticité de la paroi vaginale pouvant provoquer une sténose vaginale contribuent à la diminution de la qualité de la vie sexuelle. En résultent des dyspareunies, une sécheresse vaginale, une inflammation aiguë de la muqueuse anale…

Radiothérapie des cancers ORL et sexualité

Les cancers de la sphère ORL et leurs traitements provoquent des troubles des fonctions physiologiques de base comme la respiration, la parole, la déglutition… La qualité de vie est impactée au sens global, et la vie sexuelle peut aussi en souffrir. L’aspect psychologique des effets secondaires des traitements joue un rôle dans la diminution de la bonne santé sexuelle des patients. Le besoin de s’exprimer sur sa fatigue, ou sa sécheresse buccale par exemple, complique les relations intimes.

La peur de transmission du virus du papillome humain entraîne également une baisse de fréquence des rapports sexuels. Cette crainte est liée à la possible corrélation entre l’infection sexuellement transmissible et certains cancers ORL. Cela entraîne des conséquences sur la vie sexuelle des patients, parfois en véritable détresse psychologique.

D’autre part, les questions de la vie sexuelle après cancer ORL sont souvent relayées au second plan, en raison du mauvais pronostic de certaines de ces tumeurs.

Le diagnostic de cancer ainsi que ses traitements bouleversent la vie sexuelle et intime des patients. Une prise en charge psychologique, ainsi qu’un accompagnement de la part du personnel soignant des services d’oncologie et de radiothérapie sont disponibles pour répondre à toutes les interrogations et les doutes des patients. La qualité de vie durant et après les traitements est primordiale pour contribuer à la guérison.

 

Ilan Darmon

Le Dr Ilan Darmon fait partie de l'équipe médicale de l'Institut de Radiothérapie et de Radiochirurgie H. Hartmann qu’il a rejoint depuis 2018, après 3 années d’exercice à l'Institut Curie Paris comme Praticien Assistant Spécialiste des Centre de Lutte Contre le Cancer (CLCC).

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